Dimanche 23 octobre 2016 – Atelier 1 : Les langues régionales dans le premier degré

Atelier animé par Cristòl Larrocan. Secrétaire : Marie-Françoise Lamotte, avec l'aide de Catherine Biaggioni

 

Les participants :

Nom

Langue enseignée

Niveau de classe

 

Cristòl LARROCAN

Michèu PRAT

Joan-Luc LANDI

Catherine BIAGGIONI

Sylvie MULLER

Frédéric DEVOS

Jean-Paul COUCHÈ

Carole GOURG

Marie-Christine LAMBRECHT

Cécile SENDERAIN

Josette SOLIVA

Rémi TOULHOAT

Marc BRON

Marie-Françoise LAMOTTE

Occitan (82)

Occitan (05)

Occitan  (64)

Occitan (04)

Occitan (34)

Flamand (59)

Flamand

Occitan (33)

Flamand

Occitan (64)

Occitan (34)

Breton (22)

Franco-provençal (73)

Occitan (13)

Maternelle

Retraité

Elémentaire

Maternelle

Maternelle

Primaire

 

Elémentaire

primaire

Elémentaire

Primaire

Primaire

Primaire

maternelle

c

 

Il est proposé à chacun des participants de se présenter et de présenter le dispositif dans lequel il est impliqué afin d’établir un état des lieux des modalités d’enseignement des langues régionales et en langues régionales dans l’enseignement public primaire.

Ainsi nous pouvons dresser le tableau suivant

Académie de Toulouse

Les élèves peuvent rencontrer l’occitan de 3 manières différentes :

  • Enseignement de sensibilisation : c’est une évocation sans volume horaire précis, il s’agit d’éléments de langue comme de la toponymie par exemple.
  • Enseignement d’initiation entre 6 et 9 heures par semaine : une discipline peut-être enseignée en langue régionale.
  • Enseignement à parité horaire.

Une politique d’ouverture de classes bilingues (avec choix éclairé d’inscription par la famille de l’élève) a permis à certaines écoles d’accueillir sur plusieurs années scolaires des maîtres surnuméraires spécialisés en langue régionale. Cette possibilité a permis aux équipes de profiter du confort de travailler avec des effectifs plus réduits au risque d’oublier que cet avantage passager était lié à un projet sur l’occitan. Il n’est plus prévu actuellement de poste surnuméraire lors de l’ouverture d’une classe bilingue.

 

Le département du Tarn-et-Garonne dispose de deux conseillers pédagogiques et deux maîtres formateurs intervenant dans la formation des étudiants en MASTER MEEF 1 et 2 se destinant à l’enseignement public bilingue dans l’académie. Un autre site ESPE assure la formation en gascon à Tarbes (65). Des départements (09, 46) n’ont pas ou plus de CPD permettant d’assurer le développement des différentes modalités d’enseignement de l’/en occitan. Il y a 9 sites bilingues dans le 82 quand d’autres départements de l’académie n’en ont qu’un seul. Dans le Tarn-et-Garonne, pour accompagner les enseignants du primaire des intervenants non enseignants (correspondant à 8 Equivalant Temps Plein) formés et accompagnés par les CPD pour apporter langue et culture (musique par exemple) dans les classes. Le financement est assuré par le conseil départemental et les communes.

 

Dans le secondaire, sans exclure la généralisation de la sensibilisation à tous les élèves, la continuité des parcours bilingues – qui demeure la meilleure voie de transmission de la langue occitane – doit être assumée afin d’obtenir un vivier d’enseignants suffisant et nécessaire pour assurer le développement de l’enseignement de la langue régionale.

 

Le flamand

Malgré une très forte demande du terrain, seulement 100 à 150 élèves bénéficient d’une sensibilisation au flamand.

L’Institut de la Langue Flamande (ANVT) explore les moyens possibles pour intervenir dans l’école. Une des pistes retenues est le hors-temps scolaire avec des projets définis avec certaines communes. Des animations sont menées sans cadre officiel dans des écoles volontaires. L’étape suivante sera la demande d’ouverture de classes bilingues.

 

Les Alpes de haute Provence

Les projets en sont à leur début. Les enseignants ont choisi de commencer en partageant un répertoire de chants en occitan et en produisant un concert en fin d’année sur le modèle des Cantejadas organisées par l’Association pour l’Enseignement de l’Occitan dans les Bouches du Rhône.

Dans le département , des cours sont donnés depuis de nombreuses années par des intervenants rémunérés par l’ IEO 04/05 ou encore par les municipalités dans le cadre des contrats éducatifs locaux. Peu nombreux sont les élèves touchés. Un problème de ressources humaines se pose comme ailleurs.

Un des moyens utilisés pour sensibiliser à l' occitan le plus d'élèves du département est d'organiser une tournée théâtrale touchant entre 2000 et 2500 enfants grâce à L'ASOC (Animation Scolaire d'OC) qui gère les diverses subventions des Conseils départementaux et Régionaux, des communes, de l IEO 04/05 et qui gère l’ organisation de cette virada. Une enseignante Education Nationale qualifiée propose ses services aux écoles qui le demandent. Elle-même est remplacée sur son poste. Ceci existe depuis une douzaine d'années.

Depuis l'année scolaire 2015/2016, l'ASOC a entrepris de demander l'aide et la collaboration de l'AELOC (association membre de la FELCO pour l’Académie d’Aix-Marseille) pour reprendre les chants occitans des Cantejadas des Bouches du Rhône. En mai 2016, plus de 600 élèves ont poussé la chanson occitane sur la place principale de Digne les Bains. L'ASOC souhaiterait refaire cette manifestations tous les deux ans. Un problème de subsides pourrait se poser dans le contexte actuel.

 

En Gironde

Depuis 2011 le département mène une politique de développement des classes bilingues à laquelle s’associe l’éducation nationale.

Les enseignants volontaires manquent. D’autre part il faut prévoir le remplacement des collègues en poste qui au bout de plusieurs années (10 ans en moyenne) s’orientent vers des projets différents.

Une ouverture de classe bilingue mal préparée peut chambouler le fonctionnement de l’école qui l’accueille et une situation de blocage ou de refus par l’équipe enseignante en place peut apparaitre.

 

On semble très souvent prioriser l’enseignement bilingue au primaire et sa continuité au collège. Il est important de ne pas perdre de vue l’importance de l’enseignement optionnel au collège. Lorsque ce dernier est mis à mal par la réforme cela peut avoir pour conséquence le désintérêt de certaines familles pour le bilinguisme en primaire.

 

Les Pyrénées atlantiques

Le département compte 130 postes d’enseignants bilingues en basque et 35 postes de bilingues en occitan (béarnais). Au Pays Basque il y a autant d’écoles proposant des classes bilingues à parité horaire que d’écoles monolingues.

Actuellement une expérience est menée pour proposer aux familles des enfants scolarisés en maternelle un enseignement réalisé au trois quart en basque et même un enseignement immersif. Le français ne devient alors langue d’enseignement qu’à partir du CP.

La mise en place d’une classe immersive s’effectue dans le cadre d’un projet d’école. Les parents d’élèves sont invités à un scrutin. Il faut qu’il y ait plus de 70% d’avis favorables pour que le projet soit mené à terme.

Le protocole de fonctionnement est mis au point par l’OPLB, Office Public de la Langue Basque.

La ressource humaine manque. Le nombre de professeurs des écoles compétents en langues régionales est insuffisant de manière récurrente.

 

Le manque d’enseignants ne doit pas justifier une restriction des ouvertures de classes bilingues ou immersives car c’est à l’éducation nationale de mettre en œuvre les moyens de la formation initiale et continue.

 

Bretagne historique

7500 élèves de la maternelle à la terminale suivent un enseignement bilingue. Si on ajoute ceux qui choisissent le breton en option on arrive à un total de 10 000 et avec l’enseignement privé (catholique et diwan) on arrive à un total de 17 400.

Dans le Finistère (29), un schéma départemental permet à des associations de proposer 1 heure par semaine d’initiation.

Dans le public, le dispositif est au minimum la parité horaire. L’enseignant assure les apprentissages dans les 2 langues.

NB : voir en fin de compte-rendu une note sur l’organisation diverse des cursus bilingues selon les régions.

 

Le franco-provençal

En Savoie une centaine d’élèves répartis en 3 à 4 classes suivent l’enseignement de cette langue en quête de reconnaissance officielle. Un professeur est déchargé 3 heures par semaine pour organiser l’enseignement qui concerne 2 collèges et 1 lycée. Ceux qui choisissent de présenter l’option au bac doivent se rendre à Montélimar où ils sont évalués par un jury de professeurs d’occitan.

 

Montpellier

Les différentes possibilités sont :

  • Une sensibilisation faite sur le quota des autres disciplines,
  • Une initiation de 1h par semaine
  • La parité horaire

Dans le département de l’Hérault il existe 4 cursus complets bilingues.

Au niveau académique, les 4 conseillers pédagogiques proposent aux écoles de s’inscrire pour un projet dont la thématique varie chaque année. Il est fourni pour chaque classe les albums et les CD avec chants, danses et pistes pédagogiques. La fin de l’année est marquée par des rencontres et des rassemblements des classes. Le projet est financé par la région.

Les enseignants des classes bilingues sont recrutés par un concours spécial. Tous sont affectés dans des classes bilingues. Malgré cela il n’y a jamais assez d’enseignants.

 

Bouches du Rhône

Le dispositif de ce département présente quelques particularités. Il n’existe pas de concours spécial, les enseignants présentent une habilitation en langue régionale validée par un jury composé d’inspecteurs et de conseillers pédagogiques.

L’habilitation permet de demander un poste fléché dans une école bilingue ou un CEC, Centre d’Enseignement Continu. L’enseignement des écoles bilingues est à parité horaire. Les CEC offrent 3 heures par semaine d’enseignement de la langue ou en langue.

La spécificité des écoles qui proposent un enseignement d’occitan ou en occitan est que toutes les classes de l’école sont concernées par ce projet.

 

Note sur l’organisation des classes bilingues

Selon les régions les classes bilingues peuvent fonctionner avec un même enseignant pour les 2 langues (Bretagne notamment) ou 1 enseignant par langue. L’emploi de maîtres surnuméraires intervenant en langue régionale a disparu.

Dans le Tarn et Garonne, deux fonctionnement existent : en section bilingue deux maîtres (un en français, l’autre en occitan) partagent l’EDT des élèves. L’enseignant d’occitan est utilisé à temps plein en LR. Le dispositif un maître 2 langues existe également. Une réflexion pédagogique questionne l’âge de l’entrée dans le dispositif 1 maître 2 langues. En maternelle et au CP, pour l’heure, le choix de la personne de référence (1 maître 1 langue selon le principe de Ronjat) reste privilégié.

 

Conclusion

Ce rapide état des lieux nous a permis de constater à travers le témoignage de cette douzaine d’enseignants l’incroyable hétérogénéité des dispositifs qui permettent d’enseigner les langues régionales sur le territoire national.

Le temps nous a manqué pour aller au bout de nos comparaisons concernant la formation des enseignants, le temps d’exposition à la langue, la formation des intervenants, les opportunités offertes par le hors-temps scolaire…

Malgré les disparités d’organisation, nous avons aussi évoqué notre envie de trouver un nom ou un logo commun pour permettre d’identifier ces classes à parité horaire quelle que soit la localisation et la langue régionale enseignée.

Enfin, constatant que, malgré l’hétérogénéité, cela fonctionne, nous avons pensé qu’il serait intéressant de présenter au ministère de l’éducation nationale l’ensemble des dispositifs les plus satisfaisants pédagogiquement afin qu’ils deviennent un dénominateur commun pour toutes nos classes bilingues.